Arrêtons de manger de la m .....
Dans une société communiquant désormais au format texto, il convient malheureusement de faire aussi court que ces messieurs-dames sortis des grandes écoles de commerce.
Ceci conduit fatalement à des amalgames, faciles à remettre en cause. Cela n’enlève en rien que la question de perte en nutriments est bel et bien réelle, et les pollutions engendrées aussi.
Afin de sauver l’économie locale et notre santé, il faut s’interroger sur la contenance en nutriments des aliments venus, par exemple, des Pays-Bas ou encore d’Almeria (Espagne).
Robert McCance (1898-1993) a consacré toute sa carrière, au King’s College, à étudier la perte en nutriments d’un assortiment de fruits, légumes mais aussi viandes. À ce titre, il a constaté des évolutions inquiétantes qu’il a parallèlement couplées avec les types de cuisson et leur durée.
D’autres chercheurs ont depuis repris ce genre d’études, pour arriver aux mêmes constatations.
Au-delà de la question de l’énergie nécessaire pour produire et acheminer les aliments, et de l’impact sur l’environnement, il faut aussi se poser la question de la perte en nutriments due à des conditions de conservation inadéquates.
De la même manière qu’on ne se pose pas la question de la pertinence d’un compteur CO2 dans nos véhicules, on continue à raisonner en termes de poids et de taille pour ce qui est de nos aliments, plutôt que de s’attarder sur la contenance en nutriments et en métaux lourds.
Or, différentes études montrent que, selon le rendement d’une parcelle donnée, la contenance en nutriments varie.
On note par ailleurs que, selon le type de cultures et du taux de CO2 présent, les nutriments sont de plus en plus dilués dans les masses obtenues.
De la même manière, on note que les sols traités aux pesticides et engrais chimiques produisent des aliments moins riches en nutriments, et plus riches en métaux lourds.
Du ver de terre à l’humain, en passant par les viandes et, bien sûr les plantes, nous sommes ce que nous mangeons. Comme aime le répéter Marc-André Selosse : la terre est de ce fait notre placenta.
Donc, si nous voulons préserver notre santé, celle du vivant en général, et notre économie, il faut à tout prix changer de mode de production, de distribution et de conservation.
Ce qu’on sait être un travail des plus compliqués, quand on a soi-même un potager.
Par ailleurs, de la même manière que nous nous interrogeons sur les essences locales pour ce qui est des arbres qu’il conviendrait de planter, il est probable que nous devons nous interroger sur tout ce qui est venu agrémenter notre assiette depuis le moyen-âge.
Photo : Lourencolf / Shutterstock
Le titre de l’article correspond à un ouvrage du chef-cuisinier Jean-Pierre Coffe.
Jeroen van der Goot 29 février 2024