Croix-Haute doit son nom au fait que le faubourg constituait un nœud routier important. Sur le plan de 1693, il porte d’ailleurs le nom de Croiseau.

Se croisaient là deux voies romaines secondaires : la première venant du sud, depuis la voie Domitienne ¹ ; l’autre raccordant Nîmes au Pays Ruthènes (Aveyron).

La première est facilement identifiable, sachant qu’il s’agit de l’actuelle rue Octave Camplan et son prolongement en direction de Pompignan.

Vers l’ouest, c’est l’actuelle Ancienne route de Ganges. La route se dirige vers Malataverne, où elle rejoint l’actuelle D.999.

Vers l’est, le tracé est plus difficile à identifier.

Effectivement, en comparant les plans de 1693 et celui de 1812 (cadastre napoléonien), on comprend que ledit Chemin royal vers Nîmes (repère 2) s’arrête en plein champ. Ce qui semble indiquer que le plan de 1693 correspond a priori à un projet.

Lorsqu’on regarde le cadastre napoléonien, on comprend que ledit projet n’a pas été retenu.

Ceci fait qu’on est tenté d’opter pour l’itinéraire bleu (repère 1), jusqu’au moment où on s’aperçoit que la voie ne semble pas se prolonger au-delà de Mandiargues.

Notons au passage que, sur le plan de 1693, on rentrait dans Mandiargues par ce qui correspond aujourd’hui à une impasse.

Par où donc passait le tronçon Croiseau – Nismes de la voie romaine ?

En étudiant le parti retenu par les ingénieurs sous Napoléon, on comprend que le tronçon de la voie impériale allant de Mandiargues au Tapis vert ² est complètement dans la logique du développement urbain du faubourg.

Par conséquent, il y a fort à parier que le hameau s’est développé le long d’une voie correspondant à la voie romaine que nous recherchons.

Parlons D.999.

Notons qu’autrefois on disait RD.999, pour Route départementale n°999.

À l’est de Croix-Haute, on peut estimer que la D.999 suit plutôt fidèlement le tracé de la voie impériale ; exception faite de la petite bretelle contournant Mandiargues.

De la même manière qu’on a voulu éviter Mandiargues, on a fini par contourner Croix-Haute.

La Place de la couronne n’était déjà pas une réussite urbaine ³ mais, avec la D.999 qui vient la percuter, en biais, c’est le pompon.

Ceci explique que nous ne comprenons absolument plus cet espace.

II est intéressant de noter que, en 1966 ⁴, la D.999 passait par la rue Fondeville, pour ensuite remonter la rue de l’Argenterie et ressortir par la rue du Peirou.

Depuis, elle passe par le boulevard des Remparts.

1. La voie Domitienne (Via Domitia) est une voie romaine construite à partir de 118 av. J.-C. pour relier l’Italie à la péninsule Ibérique en traversant la Gaule narbonnaise.
2. Notons que la planche de 1812 porte déjà la mention de « Tapis vert ». Ce qui pourrait indiquer qu’il s’agit d’un terrain particulièrement fertile.
3. Cf article Sur les traces du temple perdu.
4. Date du cadastre cité en référence.

Jeroen van der Goot avril 2024