Fermeture provisoire.
Il n’aura échappé à personne que la supérette Vival, à côté de l’église Saint-Pierre, a baissé son rideau depuis un mois. Et sans doute encore moins à toutes ces « p’tites mamies » qui comptent sur Manu, notre épicier, pour leurs courses du quotidien.
La raison de cette fermeture est simple : Manu a eu quelques soucis de santé qui l’ont conduit jusqu’aux urgences de Montpellier. Après un séjour à l’hôpital, il est actuellement en rééducation. Heureusement, son état s’améliore et il espère pouvoir rouvrir d’ici quelques semaines.
Derrière ce rideau baissé, c’est bien plus qu’un commerce qui manque. Manu, comme tant d’autres petits épiciers, rend mille services qu’aucun supermarché ne propose : accepter de différer l’encaissement d’un chèque, livrer à domicile ceux qui ne peuvent pas se déplacer, porter leurs commissions, prendre le temps d’écouter ceux qui n’ont personne à qui parler.
Vous en connaissez beaucoup, vous, qui prennent la peine d’appeler un client pour lui dire qu’il y a un arrivage de crevettes, ou qui passent voir leurs clients à l’hôpital ? Autant de gestes simples, mais essentiels, qui font de son magasin un véritable lien social.
On comprend mieux pourquoi sa présence est si précieuse, notamment pour les habitants les plus âgés, souvent à mobilité réduite. Ces mêmes personnes qui, déjà, regrettent la disparition des bancs du Cours Gambetta ou pestent contre l’éloignement des bureaux de vote, concentrés au gymnase du Pradet.
Pour elles, chaque perte de service de proximité se traduit par une difficulté supplémentaire.
Mais il y a aussi une question de solidarité. Manu ne tient pas une multinationale : il vit de ce qu’il vend, souvent au prix de gros efforts. S’il ferme définitivement demain, ce sera faute d’avoir pu être assez soutenu par nous, ses clients. Chacun peut y contribuer, en choisissant de faire ne serait-ce qu’une partie de ses courses chez lui. Ce ne sont pas quelques centimes d’écart qui doivent guider notre choix : d’autant que Manu sait aussi se montrer compétitif sur plusieurs produits, dont certains se révèlent être d’excellente qualité.
Au fond, cette histoire nous rappelle une chose essentielle : l’importance de l’humain et de l’individu. C’est une richesse qu’il est inconcevable de troquer pour une poignée d’euros.
Cette fermeture provisoire doit nous inviter à réfléchir. Alors que la municipalité autorise sans sourciller la construction de projets qui défigurent notre paysage et favorisent un commerce dépendant de la voiture – comme si le Super U ne suffisait pas déjà à enlaidir l’entrée de Saint-Hippolyte – il serait temps de se demander quel avenir nous voulons pour notre centre-bourg.
Autrefois, il y avait une multitude de commerces dans le village qui faisaient notamment qu’on venait s’habiller à Saint-Hippolyte. Aujourd’hui, chacun voit bien combien ils se raréfient. Si nous voulons encore trouver demain une épicerie en cœur de bourg, le jour où nous n’aurons plus l’envie ou la possibilité de conduire, alors il nous appartient de soutenir dès maintenant ceux qui font vivre ce tissu de proximité.
Jeroen van der Goot octobre 2025