Petite histoire de trains à vapeur.
Rappelez-vous comme nous avions ri ! Tout avait commencé après une promenade, lorsque Josy P. avait publié une photo du château d’eau de la gare.
Vous vous rendez compte ? C’était en juin 2024, à peine hier. Depuis, que de sujets ont défilé ! Intrigué par cet ouvrage que vous appeliez tous « le château d’eau », je m’étais empressé d’aller le voir de mes propres yeux.
Devant ce fût de pierre largement ajouré, j’ai aussitôt eu des doutes. Et puis, un jour, la révélation : une carte postale montra qu’il ne s’agissait pas du château d’eau mais de son socle. Le cylindre soutenait en réalité un autre cylindre, de bois ou de métal noirci, disparu depuis longtemps.
Pour comprendre l’utilité de ce dispositif, il faut se replonger dans l’époque où les trains roulaient à la vapeur. Et qui dit vapeur dit eau. J’étais donc, une fois encore, dans mon élément : l’eau à Saint-Hippo.
Soit dit en passant, j’avais même proposé de créer une commission sur le sujet, proposition faite à deux élus et à mon ami Pascal C. Mais Pascal, que j’avais pressenti comme président, déclina, toujours pris par monts et par vaux. Claude F. se montra enthousiaste, jusqu’à ce que son épouse rappelle qu’elle voulait profiter un peu de son mari. Quant à Sylvie C., elle ne répondit pas. Bref, je me retrouvai seul dans cette aventure.
Restait à élucider la question de l’emplacement du château d’eau. Installé à l’extrémité avant du quai sud, il devait logiquement servir au remplissage des locomotives en partance pour le Vigan.
Pour le retour sur Nîmes, l’eau devait être prise ailleurs, en amont ou en aval. Il y avait donc derrière tout cela une réflexion sur l’autonomie et la gestion des ressources.
Mais d’où venait l’eau ? Un puits existe bien, peut-être insuffisant ou déjà utilisé. Ces machines devaient en consommer des quantités énormes. C’est alors que mon ami M. de la Tour Saint-Jean, me souffla une piste. Avec un sourire malicieux, il me demanda : « Tu as vu ce petit bâtiment en bordure du Vidourle, en contrebas de l’Ollande ? » sans savoir que je cogitais justement sur le château d’eau.
Dès lors, je passai mes journées à scruter mes cartes postales anciennes, particulièrement celles où l’on voit ce petit bâtiment coiffé d’une haute cheminée, voisin du Domaine de Graves. Je songeai même à retrouver son propriétaire pour tenter une visite.
Dans le même temps, je rendais visite presque chaque jour à mon ami Marcel L., installé au Mas du Moulin Neuf. Pour m’y rendre, je longeais le Vidourle depuis le pont de la gare, tout en réfléchissant aussi au moulin Mirial.
Je croyais observer chaque détail, mais il ne suffit pas de regarder pour voir. Un jour enfin, ce fut l’étincelle : je compris que ce bâtiment aux tuyaux verticaux, que je voyais à chaque passage, était en réalité la pompe de relevage alimentant le château d’eau.
Michel avait certainement vu juste. Tout indiquait que la Compagnie de Chemins de Fer fonctionnait « tout à la vapeur », comme on dirait aujourd’hui « tout électrique », symbole de modernité.
Le petit édifice prend une dimension supplémentaire à la lumière d’un article de Régis Thivet sur les norias et pousarenques, paru dans l’un des derniers Cahiers du Haut-Vidourle. On découvre alors qu’il s’agissait à l’origine d’une noria.
Fidèle à son habitude persévérante, Régis avait probablement pris contact avec les propriétaires actuels et, mieux encore, il était entré à l’intérieur pour l’explorer. Ce ne dut pas être une mince affaire, le site étant rarement débroussaillé.
Je n’ai pas ses photos sous la main, et préfère attendre avant de les publier, mais elles paraissent extraordinaires. Elles ne livrent pas toutes leurs clefs, mais elles dégagent un mystère qui donne aussitôt envie d’aller voir soi-même. Sur les clichés parus dans son article, on distingue surtout l’aspect noria du bâtiment.
Mais je ne peux m’empêcher d’imaginer qu’une pompe à vapeur y repose encore. À moins, bien sûr, que je ne me trompe complètement…
Jeroen van der Goot octobre 2025
Note : Cet article correspond à un résumé d’échanges sur les réseaux sociaux.