de Saint-Hippolyte du Fort et d'ailleurs
Illustration Cornelis Danckerts Amsterdam 1703

A la croisée des chemins du désert

Suite à la révocation de l’Edit de Nantes en 1685, l’intendant du roi Louis XIV, Nicolas de Lamoignon de Basville, fait réaliser 22 chemins royaux. A lire le cartouche illustré du plan de ceux-ci, on comprend que ces chemins étaient ouvertement destinés à amener un peu d’ordre dans les Sevenes, où les fanatiques (1) et autres mécontens (1) ne descendaient des montagnes que pour faire leurs courses (2).

Avant que ne soit mise à jour (3) la carte que lui dédicaça en Jean-Baptiste Nolin en 1703 (4), les Cévennes sont dans l’ensemble restées terra incognita en termes de cartographie. Il existe cependant un magnifique Recueil des plans des places du royaume, faits en l’année 1693. C’est de la planche portant sur St.-Hypolite qu’est tirée la base de l’illustration ci-dessous.

Sachant que la portion de plan représente le faubourg de Croix-Haute, la première chose qui saute aux yeux est le toponyme donné au faubourg : Croisaud. Celui-ci semblant renvoyer à sa position à la croisée de chemins, on est tenté de penser que Croix-Haute pourrait être le résultat d’une déformation verbale.

Ce qui frappe aussi, c’est la présence d’un bâti conséquent à l’endroit même de l’actuelle place du 4 septembre. Qu’y avait-il là et qu’est-ce qui fait que ce soit devenu une place ?

Et ce petit point, dans la cour : pourrait-il représenter la première fontaine à propos de laquelle nous avons autant de questions ?

Si l’actuelle fontaine remonte en effet à 1772, du fait qu’elle occupe le même espace que le bâti aujourd’hui disparu, on comprend que le cœur de Croix-Haute a dû changer entre 1693 et 1772. Y a-t-il un rapprochement à faire avec la Guerre des Camisards ou, encore, l’histoire des fortifications de St-Hypolite (1690-1794) ? Peut-être le saurons-nous un jour.

Avant de corriger le titre quelque peu alambiqué de ma planche, il me faut entreprendre une recherche sur les très nombreux noms qu’a porté la ville, depuis l’abandon du piton rocheux de la Rochefourcade où elle était initialement installée.

  1. Il existe deux cartouches, dont un décrivant les fanatiques dans leurs montagnes. Pour en savoir plus.
  2. Terme militaire renvoyant à des actes d’hostilité rapides – un type de guérilla dont les Camisards ont la spécialité.
  3. Terme consacré à l’évènement, dans l’annonce de la Gazette de Rotterdam du 22 mars 1703.
  4. On est donc au début de ladite Guerre des Camisards (1702-1710).

Jeroen van der Goot novembre 2023

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