A St-Hippolyte du Fort, le réseau d'eau n'est pas exemplaire.
On se doutait que notre réseau d’eau n’était pas exemplaire. Mais apprendre que près de la moitié de notre eau potable se perd, voilà qui dépasse les soupçons.
En 2023, les pertes s’élevaient à 43,7 %.
En 2022, elles étaient de 38,9 %, à comparer avec la moyenne nationale de 18,7 %.
Et dans le même temps, le prix de notre eau reste supérieur à celui pratiqué dans le reste du département, de la région, et du pays.
Est-ce si étonnant ?
Car dans les faits, la facture d’eau intègre ces pertes : chacun paie une part du gaspillage, proportionnellement à sa consommation. Et cette part est même potentiellement doublée, si l’on y ajoute le coût de l’assainissement correspondant.
🔹 Qui entretient le réseau ?
S’il s’agit bien de l’exploitant – comme le laissent supposer les fréquentes interventions de VEOLIA dans nos rues – on peut s’interroger sur un conflit d’intérêts latent : un réseau qui fuit est un réseau qui vend plus d’eau… sans nécessairement la livrer.
Quant à l’État, il n’a aucun intérêt financier direct à intervenir. Mieux encore, plus les factures gonflent, plus les recettes fiscales liées au service augmentent.
🔹 Et les eaux usées ?
Le traitement des eaux usées est un autre point d’ombre. Notre station d’épuration était déjà jugée sous-dimensionnée à sa mise en service, et en 2022, l’Office français de la biodiversité (OFB) estimait qu’un tiers des stations françaises étaient non conformes à la réglementation – la nôtre comprise ?
La situation juridique autour des rejets n’aide pas à clarifier les choses. Un ancien texte, d’époque napoléonienne, prévoit que tout propriétaire riverain détient le lit du cours d’eau jusqu’à son axe médian.
Si l’exploitant possède les terrains de part et d’autre du Vidourle, il pourrait difficilement être contraint à ne pas y rejeter directement les eaux, même insuffisamment traitées, tout en facturant scrupuleusement leur assainissement aux usagers.
Un rapport du Piémont-Cévenol (juin 2024) assure que la station locale est en conformité, mais en situation de surcharge hydraulique préoccupante.
Une surcharge qui renvoie à une autre question : celle de la gestion des eaux pluviales, aujourd’hui mal séparées du reste.
Ce défaut d’infrastructure – repoussé d’année en année – pourrait bien faire que nous payons aussi pour l’eau de pluie, sans qu’elle soit correctement canalisée ni traitée.
NB : La “police de l’eau” n’est pas l’OFB dans son ensemble, mais une de ses branches. L’OFB regroupe plusieurs missions, dont certaines relèvent du contrôle environnemental, notamment via ses inspecteurs assermentés.
Jeroen van der Goot mai 2025
Sources:
services.eaufrance.fr
services.eaufrance.fr/collectivite
ofb.gouv.fr