Une mante religieuse méditerranéenne.
En raison de son habitat préféré, elle est tout à fait susceptible d’être présente à Saint-Hippolyte-du-Fort, notamment dans les zones chaudes et sèches de la région.
Cette mante peut adopter des couleurs très variées, allant du rose au brun, beige, jaune pâle ou même vert. Cette palette de couleurs lui permet de se camoufler efficacement dans son environnement. La couleur exacte peut varier en fonction de son stade de développement, des saisons et de la végétation environnante.
Empusa mantis préfère les environnements ouverts, tels que les champs, jardins et zones herbeuses, où elle peut se fondre dans la végétation pour mieux chasser ses proies. Son camouflage est particulièrement efficace dans des végétations sèches ou fleuries, où ses teintes se mêlent harmonieusement aux fleurs et aux feuillages.
Cette espèce est surtout active en été, lorsque les conditions climatiques lui sont les plus favorables. Les endroits où la végétation est dense et variée offrent les meilleures chances de rencontre, bien qu’elle soit souvent difficile à repérer en raison de sa capacité à se fondre dans son environnement.
À voir ses mandibules apparentes, on pourrait penser qu’il s’agit d’une espèce très ancienne, dans le cadre de l’évolution des mantes religieuses. Mais ce n’est pas le cas. Elle serait au contraire assez récente.
De la même manière qu’on donne des facettes aux avions furtifs, la morphologie d’Empusa mantis a été décomposée et façonnée afin d’échapper au regard de ses prédateurs.
Afin de préparer l’article pour la Gazette, j’ai été surpris par un détail qui m’avait échappé : la différence entre les antennes des jeunes Empuses.En examinant les clichés macro de Marta Albareda, j’ai d’abord cru à une simple variation individuelle, mais en y regardant de plus près, il s’agissait d’une transformation spectaculaire liée au développement de l’insecte.
Chez l’Empusa pennata, cette étrange mante aux allures de créature mythologique, les antennes ne sont pas qu’un simple ornement. Elles jouent un rôle crucial dans la détection des phéromones, ces messagers chimiques qui orchestrent une grande partie du comportement reproducteur.
Ce sont surtout les mâles qui développent des antennes plumeuses à l’âge adulte, leur permettant de capter les signaux émis par les femelles sur de longues distances. À l’inverse, les femelles conservent des antennes plus discrètes, moins ramifiées, car elles n’ont pas besoin de rechercher activement un partenaire : elles attendent que les mâles les trouvent.
Mais comment distinguer un jeune mâle d’une jeune femelle avant cette métamorphose spectaculaire des antennes ?
Les différences sont subtiles mais bien réelles. Dès les premiers stades, les mâles affichent un corps plus élancé et des segments abdominaux légèrement plus nombreux que leurs homologues féminins.
En observant bien, on note aussi que leurs antennes sont déjà un peu plus épaisses que celles des femelles, présageant leur transformation future. Au fil des mues, cette différence devient flagrante : les mâles développent progressivement leurs structures plumeuses, qui prennent une teinte jaune doré éclatante à maturité.
Cette évolution est directement liée à leur biologie et à leur mode de vie. Un mâle adulte doit être capable de détecter une femelle à plusieurs dizaines de mètres, voire centaines selon les conditions, ce qui explique cette adaptation étonnante. Il s’agit d’une course contre la montre, car la période de reproduction est courte et les rencontres hasardeuses. Celle-ci s’étale généralement sur quelques semaines, principalement à la fin de l’été et au début de l’automne.
Les mâles émergent souvent un peu avant les femelles afin d’avoir le temps de développer leurs antennes et de se mettre en quête de partenaires. Une fois adultes, ils ne vivent que quelques semaines, leur seul objectif étant de localiser une femelle et de s’accoupler avant de succomber à l’épuisement ou à la prédation. Les femelles, elles, survivent plus longtemps après l’accouplement, le temps de pondre leurs œufs et d’assurer la pérennité de l’espèce. En fonction des conditions climatiques, la période de ponte peut s’étendre sur plusieurs semaines, voire jusqu’au début de l’hiver.
La fois où je croiserai une jeune Empusa, je saurai désormais regarder au-delà de sa silhouette fantastique et prêter une attention particulière à ces indices discrets mais révélateurs.
Derriere leur apparente immobilité, ces mantes cachent un monde sensoriel fascinant, où chaque détail compte dans la grande danse de la nature.
Jeroen van der Goot avril 2025
Crédits photographiques : Marta Albareda