de Saint-Hippolyte du Fort et d'ailleurs
Marco Bardoscia

Jazz, la contrebasse de Marco Bardoscia

Coup de coeur pour ce contrebassiste voltigeur.

Le 4 avril la magnifique salle du Cratère à Alès recevait le Trio Paolo Fresu. J’étais venue découvrir sur scène ce trompettiste aérien au phrasé de velours, en un hommage à Chet Baker.

Pendant les trois premiers morceaux je dois avouer que je me suis légèrement assoupie, ou plutôt laissée embarquer par une monotonie ambiante, propice à la rêverie.

Et ce d’autant plus que Paolo Fresu se balançait d’avant en arrière dans un mouvement quasi hypnotique … j’ai donc fermé les yeux (avec la crainte de me mettre à ronfler, mais non).

Le pianiste Dino Rubino au jeu hyper classique ne semblait pas avoir de main gauche, mais grande fan de Michel Petrucciani (1) je mets peut-être la barre un peu haut.

Le contrebassiste Marco Bardoscia, la section rythmique du trio, était bien présent … heureusement.

Un chapeau de paille vissé sur la tête, de loin il me faisait penser à un Van Gogh  devenu musicien.

Et puis il a tombé la veste. Au sens propre comme au sens figuré.

A partir de cet instant  il s’est déchainé dans un jeu très percussif, virevoltant autour de sa contrebasse, lui assénant de petites tapes vigoureuses sur la croupe pour partir dans un galop à deux, époustouflant.

De cavalier il est passé danseur de charme, penché en avant pour des caresses sensuelles, le visage pressé tout contre le bois charnu de la bella donna.

A l’archet, ses notes tenues, presque susurrées à l’oreille, ont démontré si besoin était la richesse et la variété de son jeu virtuose.

Un peu de slap par ci par là et quelques “entrechats” (2) de ses doigts puissants, histoire de nous titiller les sens, et le tour était joué.

A la fin, j’ai compris. Ce bel Italien est un Latin Lover (3) de la contrebasse (4), tout simplement.

Muriel Maire 5 avril 2024

  1. Surnommé “la plus belle main gauche du monde” par Lorin Maazel, rien que ça !
  2. Façon Panthère Rose, vous voyez le truc ?
  3. Homme méditerranéen caractérisé par un tempérament romantique, passionné, et capable de grandes prouesses sexuelles
  4. Et comme par hasard, la contrebasse est née en Italie à la fin du XVIéme siècle
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