29 décembre à Essaouira, concert de folie pour le dernier soir.
Pour la dernière soirée du 8ème festival Jazz sous l’Arganier, la Gazette a assisté à un concert de folie !
Le Maroc fait partie intégrale de l’Afrique et la musique y est non seulement sans frontières mais aussi sans limites. Le deuxième set s’est terminé dans une explosion de joie, clappings, danses et chants improvisés dans la plus pure tradition des fêtes africaines.
Mais avant cela, le premier groupe était dédié au Jazz Flamenco. De manière très intéressante Alaa Zouiten, oudiste de grand talent au son singulièrement moderne, a fait des recherches poussées pour rapprocher musique arabo-andalouse et flamenco originel.
Le résultat est un métissage audacieux et subtil, rehaussé par le brillant jeu de guitare de Naoufal Montasserre tant à l’accompagnement que dans des improvisations débridées.
J’ai surnommé le troisième larron de ce trio “Diable Rouge” ! Grimaçant, le regard furieux, Antonio Moreno au Cajon a souligné avec pertinence toutes les virevoltes et les changements de rythmes des morceaux – nombreux en musique flamenca.
En deuxième partie, celui que tout le monde attendait : l’artiste malien, Cheick Tidiane Seck au clavier. Débonnaire, conteur d’histoires autour du jazz* tel un griot infatigable… il a mené de bout en bout un set à priori pas si facile à gérer tant les musiciens sur scène étaient tous des personnalités marquantes de l’afro-jazz :
Joseph Junior Omicil aux Saxophones, très volubile, Will Calhoun à la Batterie et Adama Bilorou au djembé : la grosse frustration de cette soirée ! Placé derrière la colonnade centrale, je n’ai vu les mains de ce percussionniste magistral qu’à la fin … quand il s’est levé pour saluer.
Imperturbable à la basse, Momo Hafsi a assumé sans broncher son rôle de pilier rythmique et harmonique. Primordial.
On a retrouvé avec bonheur le balafoniste Aly Keita, déjà présent vendredi soir.
Divine surprise ! Majid Bekkas, directeur artistique de ce festival, est monté sur scène pour notre plus grand plaisir, guembri traditionnel à la main. Un jeu rapide et éloquent, surtout lors de ses échanges vigoureux avec le saxophoniste.
Et cerise sur le gâteau, Soukaina Fahsi très belle chanteuse et musicienne marocaine, qui a apporté une touche de sensibilité et de fluidité à cet ensemble décidément bien viril. Intervention bien trop courte, dommage.
Tout le public, enthousiaste, s’est mis à danser alors que les musiciens continuaient à jouer sans relâche. Pur délire.
Merci la musique ! Sans elle notre monde serait encore plus … désespérant.
Muriel Maire janvier 2025
Photos Hugo Snellen
*Manu di Bongo et Randy Weston, pour ne citer qu’eux