de Saint-Hippolyte du Fort ... et du monde
Lady Gaga

La beauté – d’Athéna Niké à Lady Gaga

Mais qu’est-ce que la beauté ?

En tant qu’architecte, je suis régulièrement amené à m’interroger sur ce qui est beau, et pourquoi. Mais qu’est-ce que la beauté, et est-il juste d’estimer que le beau est universel ?

Pour avoir progressivement dérivé vers l’architecture vernaculaire et les imperfections qui y apparaissent, je dirais que non.

À mon sens, la notion de beauté est non seulement subjective mais, aussi, évolue-t-elle en fonction de l’état de la conscience de celui qui la découvre, ainsi que du contexte dans lequel cela se passe.

La beauté d’une chose fait appel à nos sens et à notre intellect, quand elle ne joue pas aussi avec les atomes de notre corps, comme c’est probablement le cas avec la musique.

Combien d’artistes ne pensent pas pouvoir s’improviser en Mondrian et autres Picasso ? Ceci est oublier que ces artistes viennent de loin et qu’ils sont bel et bien passés par une formation académique rigoureuse.

La notion de beau est complexe. On trouve, par exemple, un travail tout aussi remarquable en termes de composition dans l’architecture baroque, néoclassique que contemporaine.

Quand je dis « contemporaine », je pense essentiellement aux types de compositions, inspirées du japonisme, reprises par un Mies van der Rohe, ou encore un Frank Lloyd Wright. Car depuis, en-dehors de quelques rares réalisations, comme l’ambassade des Pays-Bas à Berlin (arch. Rem Koolhaas), la profession n’aura pas beaucoup évolué sur la question des séquences, des espaces, de ce qui les différencie au niveau sensoriel, voire comment l’organisation interne se traduit en façade.

Au titre des bâtiments exceptionnels, on peut cependant aussi rajouter un Terminal TWA d’Eero Saarinen et, peut-être, quelques réalisations d’Oscar Niemeyer.

Au titre des sens, pris au sens large, l’un des projets les plus ambitieux a certainement été celui dont le client été atteint de cécité. Afin que ce dernier puisse néanmoins se repérer dans l’espace, son architecte (Laverdant ?) a joué sur les différents matériaux, notamment au sol et à portée de main Sur la lumière aussi, sachant que celle-ci est néanmoins perçue par les aveugles.

On peut ainsi imaginer beaucoup de choses, allant bien au-delà de ce que mettent en œuvre les architectes aujourd’hui.

L’Art nouveau, tel que porté par un Hector Guimard ou encore un Victor Horta, sont nés d’une remise en cause de la Révolution industrielle. Depuis, la Tour Eiffel passe pour le symbole de la France.

Du fait de l’influence néfaste d’un Le Corbusier, notamment au niveau des arts décoratifs et de la végétation, la notion d’art fait aujourd’hui l’objet d’un pénible 1% artistique, en tout cas au niveau des bâtiments publics.

Afin de composer avec le climat, on recouvre de plus en plus les bâtiments de végétation, ce qui va dans le sens de la propagation des feux, d’une consommation en eau toujours opaque, ainsi qu’au détriment de ce que l’architecture enseigne au niveau des façades.

Du fait d’un site nabatéen à couper le souffle, au même titre que Pétra (Jordanie), à Al-‘Ula (Arabie saoudite), un Jean Nouvel travaille aujourd’hui à intégrer un hôtel à l’intérieur des rochers. Un projet certes magique mais, intellectuellement, aussi inquiétant que les tours de verre construites dans ces mêmes contrées.

Afin de justifier le titre de l’article, je dirai simplement que, hormis des sculpteurs comme Michel-Ange (les esclaves au Louvre) ou encore Le Bernin (Ludovica à Trastevere, Rome), il est frappant de noter la perte de sensibilité qui sépare les romains des grecs, d’une manière générale.

Aujourd’hui, chacun s’improvise artiste, photographe ou encore journaliste sans pour autant avoir le bagage d’un Henri Cartier-Bresson ou encore Robert Doisneau, pour parler aussi photographie.

Si je fais allusion à une artiste telle que Lady Gaga, c’est que, au-delà de son talent et toute sa fragilité, la chanteuse montre une exceptionnelle maîtrise dans ses spectacles. Ce qui, à mes yeux, est aussi beau qu’un Chant de la lune ou de la nuit, de Dvorak ou encore Nietzche.

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Jeroen van der Goot  mars 2024

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