Au-delà des revêtements conventionnels.
À force de critiquer le Plan, il me semble essentiel de montrer que des alternatives existent. Parlons donc aussi solutions !
Créer une aire de stationnement écologique, qui respecte l’environnement tout en restant fonctionnelle, peut sembler un casse-tête. Pourtant, la nature elle-même nous offre des pistes.
Plutôt que d’étouffer les sols sous du béton ou de l’asphalte, pourquoi ne pas imaginer un revêtement capable de filtrer les polluants tout en préservant la vie souterraine ?
Quand la nature fait mieux
Les sols naturels sont de véritables ingénieurs : ils filtrent l’eau, laissent respirer les racines et abritent une multitude de micro-organismes essentiels à leur équilibre. À l’inverse, nos revêtements classiques – bitume, béton ou même graviers trop compactés – rompent cet équilibre et aggravent les problèmes d’imperméabilisation.
Mais si un parking pouvait, non seulement laisser l’eau s’infiltrer, mais aussi neutraliser une partie des polluants issus des véhicules, comme les hydrocarbures et les microparticules de pneus ?
C’est justement l’ambition des nouvelles techniques de bioremédiation, qui utilisent champignons et bactéries pour purifier les sols.
Dépollution par les champignons
En France, la startup YpHen développe une solution innovante basée sur les champignons. Leur secret ? Le mycélium, ce réseau souterrain de filaments capable d’absorber et de dégrader les hydrocarbures et les métaux lourds. Au lieu de laisser ces toxines s’infiltrer dans les nappes phréatiques, les champignons les captent et les transforment en éléments inoffensifs.
Dépollution par les bactéries
Autre approche, testée en Côte d’Ivoire par le groupe Ortec : le landfarming. Ici, des bactéries spécifiques sont introduites dans des sols contaminés, où elles se chargent de “manger” les hydrocarbures en quelques mois seulement. Déjà appliquée sur des sites industriels, cette méthode pourrait facilement être adaptée aux parkings pour limiter leur impact polluant.
Dépollution par les plantes
Sans doute, tout le monde est maintenant familier avec la filtration de l’eau par lagunage. Ce que l’on sait moins, c’est qu’on s’est également employé à dépolluer des sols industriels à l’aide de certaines variétés de plantes, aux Pays-Bas notamment.
Parallèlement, il existe aussi des plantes qui dépolluent l’air, en admettant que toute forme végétale ne le fasse pas.
Un stationnement écologique ?
Il n’existe pas de solution miracle, mais nous pouvons repenser nos aménagements en dépassant certaines conventions. Un parking n’a pas besoin d’être une surface totalement minérale et imperméable. Imaginez…
. Un sol en graviers drainants, enrichi en micro-organismes capables de dégrader certains polluants.
. Des bandes végétalisées, qui filtrent l’eau et capturent les particules fines.
. Un aménagement repensé, où le parking ne serait plus un simple îlot minéral, mais un véritable support de biodiversité.
De nombreuses villes ont déjà testé des revêtements drainants innovants ou des surfaces semi-végétalisées, offrant une alternative stable, accessible et plus respectueuse de l’environnement.
Changer nos habitudes
Les solutions ne sont pas des expérimentations futuristes. Elles existent, elles fonctionnent. Le défi, c’est de les adopter et d’accepter de voir nos espaces différemment : non plus comme des surfaces figées, mais comme des organismes vivants, capables de se régénérer.
Sortir du tout-ciment, du bitume et du plastique est un enjeu environnemental majeur, mais aussi une opportunité : celle de redonner au sol son rôle essentiel, en préservant l’eau, la biodiversité et, pourquoi pas, en réparant une partie des dégâts causés par nos modes de vie modernes.
Ce texte n’a pas pour but de dresser un catalogue exhaustif de solutions, mais plutôt de stimuler la réflexion.
D’autres aspects mériteraient d’être explorés, comme l’impact acoustique et thermique de ces nouvelles approches, ou la question des poussières à l’état sec ou humide, en investiguant par exemple des revêtements à base de chaux.
> Illustration :
Aire de stationnement stabilisée à la chaux, à la Roche de Solutré – Bourgogne (Crédits photographiques : L’Observatoire de la CAUE)
Jeroen van der Goot juin 2025