de Saint-Hippolyte du Fort et d'ailleurs
Atlas de 1970 - bassin du Vidourle

Les Vidourlades

Les caprices du vidourle.

A voir la planche ci-dessus, extraite de l’Atlas des climats de France (1970), on comprend que St-Hippolyte se trouve en marge de la zone la plus arrosée de France.

Cela ne suffit toutefois pas pour expliquer les vidourlades.

Pour comprendre celles-ci, il faut se pencher sur la géologie du site, le manque de stratégies développées au cours de ces derniers siècles, les perturbations que représentent les paissières et autres seuils le long du Vidourle et le manque d’entretien de son lit. Mais, surtout, il faut s’interroger sur l’effroyable déforestation qui, depuis la nuit des temps, a accompagné la vie humaine.

Le Vidourle et l’Argentesse prennent tous deux leurs sources au droit de la Montagne de Fage et au niveau des bassins versants alentours. Si les inondations cycliques remontent à bien avant la révolution industrielle, c’est qu’on n’a pas attendu cette dernière pour déboiser et reboiser en fonction des intérêts économiques du moment. Les sarrazins et les romains ont certainement une part de responsabilité au niveau de ces activités et, donc, fatalement aussi au niveau de l’érosion des sols qui s’en est suivie.

Sachant que la fabrication du charbon de bois remonte à près de trois mille ans, on comprend que ce n’est pas non plus ces envahisseurs qui peuvent aujourd’hui porter le chapeau.

Même si je suis pour ma part convaincu du rôle important que jouent les arbres dans l’équilibre du carbone dans l’atmosphère, je suis maintenant aussi conscient du rôle de la terre dans cet équilibre. L’histoire de Gilgamesh, telle que mise en avant par John Perlin (A forest journey – The role of trees in the fate of civilizations) montre comment le berceau de l’humanité avait creusé son tombeau au rythme des ambitions, comme nous avons vraisemblablement creusé le nôtre.

D’après des experts reconnus tels que Francis Hallé ou encore Antonio D. Nobre (São Paulo), la terre mettrait entre quarante mille et un million d’années à se générer. Et d’après Peter Douglas (McGill University ; Montréal) le sol de la presqu’île du Yukatan ne se remet que très difficilement de la désastreuse déforestation entreprise par les mayas.

Ce qui est pour dire que nous devons absolument apprendre à embrasser la terre autrement.

(A voir à ce propos le documentaire Kiss the Ground, dans lequel le très sympathique Woody Harrelson fait office de narrateur).

(A suivre)

Jeroen van der Goot novembre 2023

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