de Saint-Hippolyte du Fort et d'ailleurs
Hyderabad, Pakistan - 1938

L’Homme face à l’évolution climatique – III

Faut-il pendre les architectes ?

Sachant que le sujet dépend intimement de l’organisation d’un bâtiment, on comprendra que l’artisan certifié, voire le bureau d’étude digne de ce nom, ne pourra que partiellement couvrir le sujet.

Quant à lui, l’architecte, dont on attend déjà aujourd’hui tout et n’importe quoi, est complètement dépassé. Par conséquent, aussi lui demander de jouer les experts sur des sujets aussi techniques que la thermique, la ventilation naturelle ou la santé dans le bâtiment, tient du doux rêve d’une société sans cesse en quête de fusibles à pas cher.

Quand donc va-t-on aborder la question de l’énergie avec un minimum de réalisme, et arrêter de dépenser des millions dans le cadre de campagnes inefficaces, du type « j’isole ma maison pour 1 € » ?

La question de confort étant déterminante au niveau de nos émissions de gaz à effet de serre, il est essentiel d’adresser le sujet avec un minimum de pertinence.

Globalement, nous devons déjà comprendre que, en occident, nous sommes passés d’une société essentiellement agricole à une société dominée par les biens et services, ainsi que la division du travail.

Tous ces cols blancs, quotidiennement assis derrière des bureaux par définition, n’ont pas les mêmes besoins en énergie, du simple fait qu’ils n’ont pas la même notion de confort que ceux qui produisent de l’énergie au niveau même de leur corps.

Avec la division du travail est né aussi la notion d’architecte. À ce dernier, chacun délègue les questions essentielles liées à notre environnement commun. Or, pour satisfaire les attentes de chacun, l’architecte ne dispose que d’un seul cerveau, deux mains, 7 jours par semaine et le maigre bagage dû à sa formation. Dans le meilleur cas seulement, bénéficie-t-il aussi d’une équipe et de partenaires spécialisés.

Le fait que l’architecte soit de plus en plus contourné par les différents types de maître d’ouvrage, montre qu’il ne satisfait plus. De la même manière que nous nous improvisons photographe avec notre smartphone, voire secrétaire avec notre Pack Microsoft Office, nombreuses sont les personnes qui s’imaginent dans la position de chef d’orchestre, malgré tout enviée, de l’architecte.

S’il y a une chose à changer dans ce système qui marche sur la tête, c’est probablement cette attente de l’autre, que ce soit de l’administration ou de l’architecte. Nous devons tous nous impliquer dans ce que nous bâtissons, cultivons et produisons d’une manière générale.

Illustration : photographie de bad-girs à Hyderabad (Pakistan) – 1938, exposé au MoMA (NYC) en 1964-65, par Bernard Rudofsky

Crédit photo : (inconnu)

Jeroen van der Goot 6 mars 2024

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