Au-delà du sentiment de quiétude que dégage cette photo, prise au matin, il est important de souligner qu’elle montre une section du Vidourle régulièrement à sec.

Le lieu photographié se situe à hauteur du Mas des Jardins – un nom qui évoque clairement la présence ancienne de jardins, sans doute potagers.

L’élément singulier de cet endroit réside dans un système d’irrigation composé de canalisations souterraines poreuses. Ce réseau en terre cuite, aujourd’hui partiellement visible, était vraisemblablement alimenté par le bassin encore en place.

L’irrigation souterraine présente un avantage majeur : en limitant fortement l’évaporation, elle permet une utilisation optimisée de l’eau, bien plus efficiente que les techniques d’arrosage en surface utilisées aujourd’hui.

Ce type de dispositif témoigne d’une réelle intelligence hydraulique, adaptée aux contextes méditerranéens souvent marqués par la sécheresse.

À proximité immédiate de ce bassin, on trouve une noria, dispositif de puisage installé au-dessus d’une citerne naturelle.

Cette citerne soulève une question intéressante : comment était-elle alimentée ? Peut-on envisager la présence ancienne de roues à aubes aux extrémités de la pansière ? L’eau issue de ces meuses pouvait-elle, d’une manière ou d’une autre, rejoindre la citerne ?

Ce questionnement prend tout son sens si l’on rappelle que le Vidourle, en cet endroit précis, est souvent à sec.

Par ailleurs, on remarque le départ d’un ancien canal aérien en direction du moulin des Graves. Non loin de là, aussi, un canal souterrain en provenance de ce même moulin émerge du quai en rive gauche du Vidourle.

Cette configuration laisse entrevoir une intention : celle de détourner, réguler, ou maîtriser l’arrivée d’eau au niveau de la citerne du Mas des Jardins.

Jeroen van der Goot mai 2025