Le secteur de l'emballage joue avec les mots et les non-dits
Tout le monde est aujourd’hui conscient du problème que représentent les déchets plastiques. L’intention ici n’est donc pas de décrire les côtes indonésiennes, les bronches des mammifères marins ou encore les continents de plastiques en mer. L’objectif est d’exposer notre part de responsabilité dans ce désastre et de définir comment nous pouvons réduire notre empreinte écologique côté plastique, à l’échelle locale.
Le secteur de l’emballage joue avec les mots et les non-dits. Du fait des pictogrammes rassurants, c’est plutôt en bonne conscience que le consommateur fait ses courses. Or ledit point vert indique seulement que le fabriquant contribue à la gestion dudit recyclage. Le ruban de Möbius indiquant quant à lui que le produit est seulement potentiellement recyclable.
Ce n’est donc ni des emballages qui vont être effectivement recyclés et, encore moins, des emballages biodégradables, comme ceux qui se décomposent en réalité en micro et nano particules, encore moins gérables que le reste.
Avant de nous amener dans les lugubres coulisses du traitement des déchets, le documentaire intitulé Why Plastic ? (ici en français), explique en quoi le terme même de « recyclage » est alambiqué. Il s’agit en réalité seulement de la prise en compte d’un déchet donné, afin d’en déduire le potentiel de recyclage.
Or on sait par avance que l’essentiel de ce qu’on achemine à grand renfort de CO2 ne sera pas retenu pour une seconde vie. De la même manière, on sait pertinemment que l’infime partie des déchets susceptible d’être reconvertie le sera en produits de technicité bien moindre. Ce qui fait que toute cette coûteuse mascarade n’a finalement que pour seul but d’entretenir la consommation au niveau de la grande distribution.
La même grande distribution qui a anéanti l’économie locale, l’artisanat ainsi que la gastronomie française.
Pour ce qui est de l’incinération des déchets, on entretient un peu plus le mythe en la définissant en termes de valorisation énergétique de déchets finaux (ex : chauffage urbain). Á cette occasion, on se garde bien sûr de préciser la part de CO2 associée au fonctionnement d’une telle centrale, voire du transport de déchets aussi peu prometteurs. De la même manière, il n’est jamais question d’évoquer la part des risques de pollution encourus, comme ceux récemment constatés au droit du plus gros incinérateur d’Europe, construit juste devant la Porte d’Ivry, à Paris.
D’après Paprec, la France s’est engagée à recycler 100% de son plastique, d’ici l’année prochaine. Or, à ce jour, c’est seulement 25% du plastique consommé en France qui sont recyclés, contre 44 incinérés et 31 enfouis.
En attendant de connaitre le tour de passe-passe dont les lobbies ont le secret, chacun veillera à changer ses habitudes en matière de consommation de plastiques. Aussi parce que le contact entre le plastique et les aliments nuit à notre santé – ce qui inclus l’eau en bouteille plastique ainsi que tous les cartons pelliculés.
En France, la part de plastiques utilisée pour les emballages est de l’ordre de 43 %. Ce qui est pour dire que nous pouvons agir à notre échelle.
janvier 2024 Jeroen van der Goot