La cité aux 40 fontaines - La fontaine de Croix-Haute.
On ne sait pour ainsi dire rien sur la première fontaine de Croix-haute, si ce n’est qu’elle a pu être construite aux alentours de 1549. On comprend cependant qu’on est, là, au croisement des chemins menant vers Nismes, le pays rutène et Saint-Hippolyte, et qu’il y a là aussi le relais postal avec ses écuries.
L’eau alimentant « la » fontaine de Croix-Haute serait initialement venue du Puech de mar*. Si, depuis, la fontaine de Croix-Haute a été « modifiée », ce serait du fait que sa première source ne produisait plus suffisamment d’eau. Étant donnée l’importance de cette fontaine, et la topographie le permettant tout juste, on a décidé de raccorder l’installation au réseau dit de la Source – sise le long du Vidourle, juste légèrement en amont du village.
Ce qui en dit long sur le niveau d’expertise en matière d’hydrologie, d’autant plus que le réseau passe sous l’Argentesse.
Du fait d’un écart d’altimétries, le changement de source a obligé à bouger la fontaine vers l’emplacement actuel, légèrement en contre-bas du premier. Ce déplacement ne suffisant pas complètement, on a créé le nouvel ouvrage dans un inhabituel renfoncement dans le sol.
Au niveau de la datation de ces changements, on peut estimer que ça se soit passé aux alentours de 1772, mais il y a aussi mention d’une modification en 1637.
Pour une société bénéficiant du confort moderne à tous les étages, il est difficile d’imaginer l’importance d’un réseau d’eau potable accessible à tous. Au-delà du plaisir des yeux, du doux murmure de l’eau et la possibilité d’effectivement boire quelques gorgées, il faut effectivement se rappeler que les animaux devaient boire, eux aussi.
La typologie des fontaines à deux étages s’explique par le fait qu’il y avait cette volonté de faire boire aussi les animaux. Le réceptacle bas faisait ainsi office d’abreuvoir. Les becs verseurs placés à hauteur d’homme déversaient quant à eux une eau fraîche, propre pour la consommation humaine.
On peut penser qu’à cette époque les sources et les réseaux d’adduction de l’eau étaient plus correctement entretenus qu’au moment où J. Conduzorgues (pharmacien) fit des analyses pour son mémoire de 1926 – et ne parlons pas d’aujourd’hui.
On notera au passage que si les réseaux d’adduction d’eau des fontaines ont été considérablement endommagés, c’est avant tout parce que les réseaux de l’eau de ville, du gaz naturel et autres câbles ont été posés, et le sont encore, avec un certain mépris pour ce qui reste des canonnades en terre cuite.
* L’étymologie pourrait renvoyer à mont de l’eau. Ce qui voudrait dire qu’il conviendrait peut-être de prononcer son nom en patois ped de mar. Ceci expliquerait parallèlement la première implantation de la ville, au lieu-dit castellas.
Jeroen van der Goot novembre 2023