Ecophyto : « On marche sur la tête »
Le gouvernement Attal vient de suspendre le plan Ecophyto.
Ce plan a initialement été lancé en 2008, dans le cadre du Grenelle de l’environnement et suite à une directive européenne. Son objectif consistait à réduire de 50% l’utilisation des produits phytosanitaires, sur 10 ans.
La responsabilité de la France est d’autant plus importante que le pays constitue le plus important marché européen pour les producteurs de produits phytosanitaires.
15 ans plus tard, et malgré près d’un milliard* d’euros injectés par la France, l’utilisation des produits phytosanitaires est au-dessus du niveau de 2008.
Aujourd’hui, ce n’est plus la gouvernance qui est en cause mais la globalité du système.
Pour ce qui est de l’utilisation des produits phytosanitaires, le gouvernement Macron a demandé conseil à l’ANSES (1), l’INSERM (2), l’INRAE (3), le CIRC (4) et à l’IFREMER (5), pour au final totalement se replier sur les règles jusque-là retenues par Bruxelles.
Or, non seulement les parlementaires européens sont-ils gravement exposés au lobbying du secteur privé mais, aussi, l’Europe a accueilli en son sein des pays de plus en plus hétéroclites, et pas toujours aussi regardants que les instituts dont peut s’enorgueillir la France.
Par conséquent, on peut se demander qui au final, en France, ne marche pas sur la tête et, en quoi on applique le principe de précaution en modifiant, quasi systématiquement, les seuils de tolérance afin de régulariser les situations embarrassantes.
L’objectif de la Macronie étant d’évincer le Rassemblement national (RN) de Marine Le Pen, il y a de fortes chances qu’il y ait, là, un très sérieux loupé.
Dans la mesure où le programme du RN n’est a priori pas compatible avec un maintien de la France dans l’Union européenne, arrivera fatalement le moment où on ne pourra plus évoquer lesdits partenaires pour justifier du laisser-aller français.
Concrètement, le gouvernement français a jusqu’au 30 juin 2024 pour appliquer la décision de justice du Tribunal administratif. Comme le présentent au moins les agriculteurs, la route va encore être très longue.
* sans compter sur les coûts sociétaux, estimés à 370 millions d’euros pour la seule année 2023 et, donc, de plusieurs milliards sur 15 ans. Ce qui revient à, une fois de plus, laisser de côté la dépollution des PFAS, si toutefois celle-ci est envisageable.
Nota :
Bien que relativement ancien, l’état des lieux réalisé par l’association Robin des Bois montre qu’il y a matière à s’interroger, aussi dans le Gard. Comme pour les gaz à effet de serre, les polluants s’accumulent et mettent du temps à être résorbés.
(1) ANSES : Agence nationale de sécurité sanitaire de l’alimentation, de l’environnement et du travail.
(2) INSERM : Institut national de la santé et de la recherche médicale.
(3) INRAE : Institut national de recherche pour l’agriculture, l’alimentation et l’environnement.
(4) CIRC : Centre international de recherche sur le cancer.
(5) IFREMER : Institut français de recherche pour l’exploitation de la mer.
Jeroen van der Goot 22 février 2024