Si Cazilhac m’était conté au fil de l’eau.
extrait d’une plaquette de l’Office de tourisme Cévennes Méditerranée, à Ganges, non daté
Dans la haute vallée de l’Hérault, surplombé par le massif de la Séranne, le village de Cazilhac se situe au confluent de la rivière de la Vis et du fleuve Hérault. Réputé pour son patrimoine hydraulique et son passé industriel, le village se composait à l’origine de trois hameaux principaux : Brancas, Cazilhac le bas et Cazilhac le haut.
Histoire de Cazilhac
Au IIIe siècle, l’évangélisation de l’Occitanie entraîne la destruction du temple, dit « païen ». S’en suivra la construction d’une chapelle et d’un cimetière.
Les siècles suivants, le village sera marqué par les invasions barbares : les Mérovingiens, les Wisigoths, les Musulmans et les Francs.
Au XIIe siècle, Casialacum devient Cassillac. La commune est sous la domination du Seigneur de Ganges.
Cazilhac est mentionné pour la première fois en 1107, par le cartulaire de Gellone sous le nom de Casialacum. Le chef d’une colonie Gallo-Romaine, fait construire un petit temple, qui lui servira de « guet » en dehors d’Aganticum (Ganges). Situé sur une hauteur, adossé au Massif de Montmal, c’est un relais entre Aganticum et les autres bourgs ; une place forte, dominant des centaines d’hectares de terres fertiles et irrigables, favorables à la culture de la vigne, du châtaignier, de l’olivier, des céréales et des forêts propices à l’élevage ovin.
À partir de 1561 et jusqu’au début du XVIIIe siècle, les guerres de religions sévissent.
Au XVIIe siècle, Cassillac devient Cazilhac.
La pauvreté règne partout. En janvier 1690, sur ordre de Louis XIV, un bureau de charité est créé pour collecter des dons en nature et en espèces. En janvier 1629, le marquisat de Ganges étend ses possessions sur le territoire de Cazilhac grâce au mariage de Jean Pons de Vissec, seigneur de Cazilhac, avec Jeanne de Saint Etienne, baronne de Ganges.
Le terroir est un pays d’élevage, où l’on produit de la laine pour confectionner des grosses toiles de Cadis et de Sargas.
Au milieu du XVIIIe siècle, la concurrence des grands centres drapiers de Lodève et de Clermont l’Hérault, pousse les foulons à reconvertir leur activité.
Début XIXe siècle, ils optent pour le travail de la soie et du coton.
Le village se lance dans la sériciculture, motivé, d’une part, par les primes offertes par le Roi et les Etats du Languedoc pour la plantation de mûriers, et d’autre part, à cette époque le bassin de Ganges est capitale française du bas de Soie de luxe.
Des usines s’installent au Faubourg du Pont, où 250 ouvriers travaillent. Le cadastre de 1836–1837 mentionne 4 établissements : filatures et ouvraisons. Entre 1842 et 1880, la vie au village est bien organisée, le travail y abonde : cultivateurs, vignerons, jardiniers, bûcherons, charbonniers, cordonniers…
L’élevage du vers à soie se rentabilise, mais « la pébrine », maladie du vers à soie, qui sévit à partir de 1850, fait des ravages. Une fois la pébrine enrayée par Pasteur, qui séjourna à Ganges [??], la production repartira mais sera détrônée par la soie orientale, puis par la soie synthétique.
Le Canal de Cazilhac
Après la construction du barrage de la Vis en 1740, la première partie du canal jusqu’au Pont Vieux est construite au début des années 1770 sur l’initiative de la Marquise de Ganges, propriétaire des rives de l’Hérault et de la Vis.
Construit en terre cuite, le canal irrigue des centaines d’hectares de terrain et favorise la polyculture. La création du canal entraîne le développement d’activités qui donnent au quartier du pont sa dénomination de « quartier industriel ».
En 1850, on trouve un moulin à huile, à farine, des filatures et ouvraisons en soie. L’essor économique de Ganges, de l’industrie et de l’agriculture est considérable.
Le deuxième tronçon du canal (Pont-Vieux – Val-Marie) est élaboré, fin XVIIIe siècle. Son rôle était essentiel dans les différentes étapes du travail de la soie.
Depuis 1984, le canal est géré par une association syndicale autorisée, il est régulièrement entretenu et sert toujours à arroser les jardins potagers.
Les Meuses
Elles matérialisent une technique d’irrigation traditionnelle. Les deux premières meuses furent construites sur le premier tronçon du canal. La première, datant de 1785, appelée « La Grande Meuse » (13 m de diamètre) alimentait les sept fontaines de la ville de Ganges et le château de la marquise.
Elle fut construite sur le modèle d’une roue élévatoire connue au château de St Laurent le Minier.
La deuxième, implantée en 1836, irriguait des terres privées.
Suite à la construction du second canal en 1856, 6 autres meuses vont être implantées.
Avec l’autorisation de la Marquise de Ganges, les riverains implantèrent leurs propres meuses afin d’irriguer leurs terres, condamnées à la sécheresse l’été. Leurs diamètres furent calculés en fonction du niveau de leur terrain et de leur déclivité. Un projet de réhabilitation a été mené par la communauté de communes des Cévennes Gangeoises et Suménoises en 2000.
Certaines des curiosités repérées sur le plan de localisation ci-dessous :(repères selon plan)
- Le pont Vieux :
Le pont médiéval, probablement édifié au XIIIe siècle, reliait, de part et d’autre du fleuve Hérault, Ganges, au village de Cazilhac. La commune est longtemps demeurée le faubourg industriel de Ganges : les grands bâtiments des anciennes filatures, qui colonisent les bords du fleuve jusqu’à l’entrée du pont en témoignent. Un petit aqueduc, construit en 1778, monté sur le rempart du pont, côté droit permettait l’acheminement de l’eau à Ganges depuis le réservoir situé à Cazilhac (Chemin de Barbo). On aperçoit, depuis la clinique de Ganges, un vestige de cet aqueduc : la canalisation en terre cuite, encastrée dans le parapet du pont.
- Le Pont Neuf :
L’augmentation de la circulation sur le pont vieux, liée à l’activité séricicole, puis aux mines de St Laurent le Minier, conduit à la création du pont Neuf entre 1892 et 1895. Il est construit en pierre de taille provenant de Laroque et de Sumène.
En 2008, une passerelle piétonne est accolée au pont afin de faciliter les croisements de véhicules.
- Les meuses :
Sur le Chemin des Meuses qui va du Pont Neuf au château de ValMarie, vous pouvez admirer 6 meuses. Le 13 novembre 1980, la meuse n° 4 est classée « Monument Historique » par le Ministère de l’Environnement et de la Culture.
- Le Château de Val-Marie :
À l’origine, il s’agissait d’une bergerie qui abritait 600 à 800 bêtes à laine. Par la suite, cette « jasse » deviendra une bastide, qui sera surmontée bien plus tard par ses 4 tours, lui donnant son caractère de château.
On ne connaît pas le nom du constructeur de cette demeure, mais le Comte de Rodez de Benavent, s’en portera acquéreur fin XIXe, début XXe siècle.
Le parc, véritable arboretum, présente des essences d’origine exotique : thuya, gingko biloba, cèdre du Liban, troène du Japon qui côtoient les grands platanes de l’allée centrale. De nombreuses statues et fontaines agrémentent ce lieu.
Nota : le texte ci-dessus est a priori attribuable à Noël Ghisalberti. Il correspond à un extrait d’une plaquette de l’Office de tourisme Cévennes Méditerranée, à Ganges, non daté, retrouvé sur Internet.
On notera que les datations diffèrent de celles évoquées dans notre précédent article.
Illustration : Jeroen van der Goot
Jeroen van der Goot – auteur présumé Noël Ghisalberti – mars 2024