Roméo et Juliette, version cigaloise.
Afin d’amener la plèbe de l’ancien centre-bourg à monter à la nouvelle Cité des dieux, il a fallu réfléchir à plusieurs stratégies.
Au titre de la promotion, il fallait non seulement créer une place agréable mais, aussi, frapper les esprits. Quoi de mieux que l’abattage de l’ancienne canourgue ?
On imagine effectivement que le chanoine, qui habitait là, était aussi dodu et désœuvré que les cardinaux du Vatican. Que, par ailleurs, il était détesté de tous, du fait de ses prélèvements au nom de l’Église.
Au milieu du nouveau parterre d’arbres d’or(1) et autres vases d’Anduze, au-delà du nom qu’on garde soigneusement, on s’applique à mettre en valeur le pouvoir divin du Roi Soleil.
Á ce titre, le coq, aujourd’hui campé sur la fontaine, a plongé dans l’oubli la fleur de lys qu’il remplace (2).
L’obélisque constituait ainsi un piédestal rappelant habilement le pouvoir du roi, de son armée et de la religion officielle.
Afin de définitivement déplacer le centre de gravité du bourg, on s’empresse d’effacer le lieu de vie originel, jusque-là situé à proximité de la maison commune et du beffroi. Il est effectivement impensable que l’actuelle Place de la Mairie ait toujours été ainsi.
Le Plan ne serait devenu Place d’armes que près d’un siècle après la démolition des remparts. On peine cependant à croire qu’un tel espace, surdimensionné s’il en est, n’ait pas été projeté pour servir aux parades, voire aux exercices des Dragons du roi, logeant dans la Maison Dugas.
Également parce que le choix pour une citadelle à St-Hippolyte n’a, à la base, pu être motivé que par la possibilité d’y loger cet important équipement.
Associé à feu la promenade de l’actuel cours Gambetta, on prend en tout cas conscience de l’énorme potentiel de séduction que permettait une telle composition.
Dès lors, on comprend aussi que les bancs faisaient partie intégrante de la machine à séduire.
S’ils étaient aussi généreusement disposés, c’est que le déballage de force et de faste ne devait pas échapper aux Protestants.
- des mûriers argentés
- André Peyriat : Histoire de St-Hippolyte-du-Fort (1939)
Jeroen van der Goot janvier 2024