Les moulins de St-Hippolyte du Fort.
Á Saint-Hippolyte, on est frappé par la présence de très nombreuses traces de panssières (1), béals (2), fuyants (3) et gourgues (4). Ceux-ci traduisent non seulement un nombre impressionnant de moulins mais aussi un savoir-faire exceptionnel en matière d’hydrologie.
De l’épisode VI des Mystères de l’Agal, on comprend l’importance des moulins dans la composition urbaine et l’économie de notre ville.
D’après la fédération des moulins de France (FDMF), les moulins à entrainement hydraulique français remonteraient à l’an 900. Ce qui permet de penser que les cigalois en disposaient avant même le sac du Castelas (cf. St-Hippolyte-le-vieux), c’est-à-dire, potentiellement, vers le 14ème siècle. Ce qui laisse présager que ce seraient les terres fertiles et les premiers moulins qui auraient amenés les cigalois à descendre dans la plaine et à établir la ville d’aujourd’hui.
Les moulins cigalois ont bien sûr été construits progressivement dans le temps. A ce titre, on note, par exemple, que le plan de 1693 ne fait pas encore apparaitre le Moulin de Croye, ni celui dit d’Espaze ou encore celui dit de Figaret.
Comme nous l’avons vu dans Les mystères de l’Agal, de ceux qui y apparaissent, on peut penser que le Moulin de Planque et celui dit de Mirial aient été parmi les tout premiers moulins à être construits. Toutefois, si le réseau de canaux d’irrigation existait effectivement avant l’établissement de la ville, on peut penser que le Moulin dit de Lasalle soit, lui aussi, très vieux. Et, malgré son appellation suggestive, ledit Moulin neuf pourrait, lui encore, avoir préexisté à la ville. Dito pour ce qui est du Moulinet et, bien sûr, du Moulin de Graves, situé sur la rive opposée du Vidourle.
On sait qu’un certain nombre de moulins ont été contraints à diversifier leurs activités. Par contre, on ne sait pas quand ils ont pu être construits, ni quand leur activité a définitivement cessé, voire pourquoi.
Ce sont là des questions auxquelles nous allons tenter de répondre dans cette nouvelle série de réflexions.
Jeroen van der Goot janvier 2024
- Panssière ou pessière : petit barrage formant un seuil orientant l’eau prélevée vers un moulin hydraulique ou un canal d’irrigation. Parfois aussi appelé chaussée, du fait que l’ouvrage permettait le passage piéton d’une rive à l’autre.
- Béal : voie amenant l’eau à un moulin hydraulique ou un canal d’irrigation. Plus communément appelé bief.
- Fuyant : canal restituant l’eau utilisée par un moulin hydraulique.
- Gourgue : réservoir disposé au pied d’un moulin permettant d’obtenir une meilleure force motrice, aussi appelée resclave.