de Saint-Hippolyte du Fort ... et du monde
Vidourle à St-Hippolyte du Fort

Vidourle polymorphe

Vidourle, de la montagne de La Fage au Grau du Roi.

Alors qu’il a fière allure à Sommières voire encore à Quissac, ici et là à St-Hippolyte, on est surpris de trouver le lit de Vidourle à sec.

On comprend dès lors que le coquin se cache pour resurgir Dieu sait où.

En s’extirpant au regard, le cévenol pur-souche ne fait pas que de la brasse coulée. Le bougre en profite pour vagabonder au-delà de son tracé officiel, afin aussi de se refaire une beauté dans le karst (1).

Ceci fait que nous retrouvons le sacripant parfois au détour d’un moulin, comme à Sauve.

On étudie ainsi ses écarts de conduite depuis soixante-dix ans.

Du fait de la complexe dynamique des cours d’eau voisins, on en vient à soupçonner, voire identifier, des ramifications entre notre serpent polymorphe et d’autres, de la même espèce.

Fernand Léonard a été maire de St-Hippolyte de 1977 à 1987. Sous son mandat, la commune a notamment réalisé un réseau d’assainissement évacuant les eaux usées le long du Vidourle.

Par temps de colère, Vidourle se transforme en véritable hydre. Les conduits cigalois n’ont donc pas tardé à être pulvérisés, emportant avec eux les divers caca (2), Dieu sait où. À la mer, probablement.

Peu de temps après, à Montpellier, Georges Frêche (3) se réveille d’une humeur massacrante. Lui monte effectivement aux narines une puanteur soudaine dégagée par le Lez.

Il demande aussitôt une enquête. Celle-ci aboutit à St-Hippolyte – aussi sous forme de procès.

L’histoire que m’a racontée Michel Renault ne semblant pas avoir été consignée, on peut en raconter une autre, similaire.

Le ruisseau d’Artigues, qui naît sur le rebord nord du Causse de l’Hortus, est un affluent du Rieumassel, lui-même affluent de Vidourle.

Le samedi 10 juin 1961 (4), le spéléo-club alpin languedocien de Montpellier a procédé à la coloration à la fluorescéine des pertes de Mirabel, sur le ruisseau d’Artigues, à un kilomètre du village de Pompignan.

Le cours d’eau disparaissant là aussi dans le sous-sol, on pensait le voir réapparaitre au droit de la source de Sauve. Mais on n’en était pas certain.

Exactement quatre mois plus tard, le 10 octobre 1961, à la suite de pluies abondantes ayant remis en route la circulation d’eau, c’est à la source du Lez, au contraire, au nord de Montpellier, que réapparait le colorant.

On a également ainsi identifié des mécanismes semblables au droit du Gardon et de ses affluents.

Donc, quand on découvre des PFAS en surnombre à Salindres (Gard), il y a bel et bien des raisons pour s’alarmer. D’autant plus que les connections entre Gardon(s) et Vidourle ont été identifiées avec des moyens moins efficaces que les excréments humains.

Il est tout aussi inquiétant de découvrir qu’il y a des PFAS à Quissac, alors que personne n’en parle.

En regardant simplement au niveau de se qu’on estime, malgré tout, être la source d’un Lez, on se voile la face quant à l’endroit où chacun puise au final son eau : au robinet.

  1. Ensemble des phénomènes de corrosion du calcaire.
  2. Du grec Kaka, pluriel de Kakos, signifiant mauvaises choses.
  3. Maire de Montpellier, de 1977 à 2004.
  4. Journal Midi-Libre du 18 Juin 1961 ; voir aussi l’article de Dominic Saucier, dont j’ai ici emprunté quelques passages.

Jeroen van der Goot février 2024

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