Les grands travaux du 19ème siècle.
À partir de la votation pour la construction d’un nouveau temple de St-Hippolyte, en 1816 [1], le quartier du Pradet va connaître une forte mutation.
La composition générale est indiscutablement dictée par la position du nouveau lieu de culte.
Comme pour tout projet, en amont de la conception, on confronte les avantages et les inconvénients de chacun des partis envisageables. À ce titre, l’emplacement retenu avait un double avantage : celui d’avoir un édifice visible depuis le pont de Montpellier et, par ailleurs, d’avoir le dégagement marquant l’importance de l’édifice et participant à sa mise en scène.
Ce n’est probablement qu’une fois cette réflexion aboutie qu’on a réalisé que le parti constituait un pied de nez par rapport au fort catholique.
Au moment d’envisager le nouveau quartier, les lieux ressemblaient à ce qui a été transcrit sur le cadastre Napoléon (1812 [2]). On note que les propriétés longeant la rue Fondeville ont toutes fini par respecter un alignement, également côté est.
Passe par là un chemin qui, à terme, deviendra le boulevard du temple. D’après Régis Thivet***, il s’agirait du cours du Pradet, créé dès 1700, afin de permettre aux dragons du rois d’y parader sur leur monture.
En largeur (L), le cours est comparable à la rue Fondeville. Or l’actuel boulevard a 4-5 fois cette section. Ce qui donne une idée de l’élargissement projeté, inclus les contre-allées destinées aux désertes.
En superposant le cadastre actuel sur fond de cadastre de 1812, on note que c’est bien la position du temple protestant qui détermine le nouvel alignement, côté est.
La matérialisation de la ligne, qui file du temple au moulin de Croye, se traduisait vraisemblablement par un mur de pierre, tel que celui encore visible au droit du moulin de Croye.
L’ancienne carte postale de la promenade, photographiée depuis le Planas [3] semble montrer que ce mur se prolongeait jusqu’au collège. Ce qui laisse supposer que c’est également ce qui explique le pan de moellons qui encadre aujourd’hui encore la fontaine. Le reste du mur ayant depuis, dans l’ensemble, été arasé voire démoli.
Puisque nous étudions parallèlement les 70 fontaines de St-Hippolyte, on notera que cela veut dire que celle du Pradet a été déplacée, a priori plusieurs fois.
Étant donné l’élargissement de la voie, la fontaine a dû suivre la danse, d’une valeur 2L, environ. La superposition des cadastres montre qu’elle a également été déplacée latéralement, probablement afin d’être mise dans l’axe de la traverse Trabut, créée en 1841 [1]. À l’origine, elle se trouvait donc quasiment en bordure de l’angle sud-est de la terrasse du Bar le Pradet.
Le calage latéral des platanes confirme une fois de plus que c’est bien le temple qui correspond au point de référence de la composition. En termes de datation, le temple a été inauguré en 1822 [1].
Comme le montre la photographie aérienne, mais également le plan que j’ai dressé dans l’épisode précédent, on a voulu marquer l’importance du temple, en dotant l’édifice d’une esplanade qui se traduit par une sorte de clairière.
Suivra la construction du collège de Gallaberte, qui ouvre ses portes dès 1886 [1].
La fontaine daterait de 1772. Cela dit, on ne sait pas au juste de quel édifice on parle en affirmant cela.
À regarder le cadastre de 1812, on peine à penser qu’il pouvait y avoir un édifice aussi monumental que celui en place aujourd’hui et, par ailleurs en saillie, le long du cours du Pradet.
Celui du cadastre Napoléon semble plutôt avoir été de forme concave, de manière à laisser libre le passage du cours.
Le fait que la pierre qui porte l’inscription soit d’une tonalité différente des autres, interroge également. Ces arguments rassemblés laissent penser que cette fontaine pourrait correspondre à l’une des deux fontaines, aujourd’hui disparues, apparaissant sur la planche [4] du 18ème siècle. La fontaine de Planque, en l’occurrence.
Du fait que la fontaine du Pradet ait été déplacée, semble indiquer que son réseau d’adduction est indépendant de celui de la fontaine du fort.
La fontaine du Pradet avait-elle des égoutiers [5] ? Pas certain. Cela dit, Gérard Duplan vient de m’indiquer que Mademoiselle Quiminal ne pouvait pas être une sous-égoutière de la fontaine de Villaret, puisqu’elle vivait dans la propriété traversante correspondant au 30 rue Fondeville – qui donne sur le boulevard du temple.
En confrontant la photo prise depuis le Planas, à ce qui nous est donné à voir aujourd’hui, on comprend que les arbres sont les mêmes. Ce qui sous-entend que les platanes de la promenade ont 200 ans.
Accessoirement, on note que la grande magnanerie qui laisse sa place à celle, dite du 19 mars 1962, a été rasée.
- Régis Thivet : Un siècle de cartes postales – 2023.
- Les pages du cadastre Napoléon (1809-1866) dateraient de 1812.
- Actuelle Place du 19 mars 1962.
- André Peyriat : Histoire de St-Hippolyte du Fort – 1929, réactualisé depuis.
- Ayants-droits à l’eau du trop-plein des fontaines publiques.
Jeroen van der Goot avril 2024
A suivre …