Fontaine du Plan – La fontaine originelle.
À la voir ainsi dévêtue, on peut penser que la vieille dame pourrait à l’origine avoir été une princesse.
Ce n’est qu’en 1713 qu’on a doté la fontaine de Croix-Haute d’un bassin, et en 1764 celle de Bout-de-ville. Ce afin de pouvoir faire bénéficier des personnes de l’eau non utilisée de la fontaine publique. Des personnes qui, moyennant finance, disposaient de ce privilège à perpétuité. La question de la pataugeoire autour de ces points d’eau n’a donc jamais été au centre des préoccupations.
L’adjudication de l’égout de la fontaine du Plan n’ayant été faite qu’en 1799, on peut penser qu’il n’y ait tout d’abord pas eu de bassin. Que celui-ci n’ait été rapporté qu’après le départ des dragons du roi.
La récente métamorphose de la fontaine du Plan fait que personne ne reconnait aujourd’hui l’ouvrage de son enfance. Sachant qu’elle donne aujourd’hui l’impression d’une mise en bière, il est intéressant de comprendre en quoi elle a changé.
Du fait d’une demande incongrue dans le cahier des charges du concours d’architectes, la fontaine a fort malheureusement été extraite de la rigoureuse composition initiale.
Ce même document autorisant par ailleurs l’abattage d’arbres afin de permettre un tel séisme, ont été abattus pas moins que dix platanes ceinturant l’ancienne place d’armes. Ce sans autorisation préalable vérifiable.
Le démontage de la fontaine n’ayant pas fait l’objet d’une préparation, il a fallu réaliser un nouveau bassin. Faute de moyens, celui-ci a été réalisé avec une pierre présentant des défauts. Du fait d’un bassin flambant neuf, il a aussi fallu sabler la précieuse patine du corps central. Adieu précieuse patine du temps.
Un relevé préalable de la fontaine aurait sans doute permis de comprendre que la fontaine était initialement posée sur un socle, également en pierre dite de Pompignan. Au-delà de la cohérence de l’ensemble, le parti originel avait aussi l’avantage de rendre invisible le traitement de l’étanchéité. Quant à lui, le nouveau bassin prend appui sur un simple radier béton ; ce qui oblige à traiter l’ensemble avec une peinture hydrofuge. Le corps central ayant été posé avant l’étanchéité, il aurait été nécessaire d’également relever le voile étanche à cet endroit ; ce qu’on n’a pas fait. On note accessoirement qu’on a modifié les proportions en enfonçant le bassin dans le sol.
Même si ce dernier, rapporté en 1799, n’était pas d’une grande élégance, du fait de sa sobriété il ne choquait que peu. Malgré soi-disant consignes de la municipalité, on a néanmoins également rajouté un boudinet en bordure haute du bassin et rapporté des plinthes assurant la jonction avec le sol. Le marquage des joints verticaux aidant, la réalisation apparait ainsi comme rien de moins que la progressive mise en bière du patrimoine ancien.
Les trous apparaissant au niveau du piétement laissent penser que s’y greffaient des ouvrages métalliques. Par ailleurs, à l’occasion des récents travaux sur les réseaux enterrés, on a découvert une canonnade située dans l’axe de la fontaine publique ; c’est-à-dire légèrement à droite de l’entrée de l’actuel 5 Rue sous le Plan. Cette conduite correspond sans doute à l’évacuation de la fontaine originelle.
31 octobre 2024 (Halloween) :
Après une absence prolongée du bassin, le nouvel ouvrage nous revient en mode steampunk au rabais.
Les agrafes gargantuesques sont cependant rapidement recouvertes d’une fine pellicule de cache-misère. De toute évidence, celle-ci ne résistera pas aux différences de températures liées aux différents matériaux. Ce qui fait que l’affaire sera partie remise.
À la différence près que le bassin est désormais irrécupérable.
Les proportions sont toutefois rétablies, suite à une première publication de ce texte sur les réseaux sociaux.
Jeroen van der Goot 02 novembre 2024