Fontaine du Pradet - les derniers égoutiers.
La fontaine du Pradet a été édifiée vers 1707. Mais ce n’est qu’en 1741 qu’on en vend l’eau d’égout à un certain Sieur D’ALGUES.
Si la propriété de D’ALGUES est effectivement la maison dotée d’une fontaine ayant appartenu à la famille QUIMINAL, il se pourrait que la Communauté ait proposé à cette dernière une “prise directe” sur la canonnade en provenance de La Source (Route de Cros). Du fait de l’élargissement de l’Allée du Pradet sous Napoléon, il est possible que le déplacement de la fontaine ait été ainsi compensé.
L’égout de la fontaine du Pradet était par conséquent à nouveau disponible. Un plan technique, non daté, nous informe au niveau des acquéreurs potentiels. À ce titre, il mentionne le Baron PIEYRE et fait état d’une tubulure allant vers le fort et passant par le jardin de CROYE.
Pour notre gouverne, le Baron Edmond PIEYRE s’est marié avec une cigaloise, du nom Françoise Louise LACOMBE de MANDIARGUES, en 1838. C’est donc probablement vers cette date qu’il est venu s’installer au berceau de sa Juliette – car tel était son surnom. Noblesse oblige, ils eurent ensemble quatre petits PIEYRE de MANDIARGUES et toute une descendance de barons. Du fait d’une approximative coïncidence des dates, on peut estimer que le Baron Edemond ait racheté l’égout de la fontaine.
Sur les listes d’égoutiers, le nom de PIEYRE apparait pour ainsi dire partout. Le fait qu’il apparaisse en tant qu’unique bénéficiaire de la fontaine de Croix-Haute et de l’Hôpital St-Louis s’explique par l’utilisation qu’il faisait de l’eau. C’était pour arroser le jardin de CROYE, un bien qu’il a probablement acheté en même temps que le moulin éponyme.
Comme on l’aura compris l’eau parvenait à destination en empruntant un des nombreux siphons qui passent sous l’Argentesse.
Il est donc possible qu’il y ait eu une négociation lui permettant de trouver une compensation au niveau du projet de l’École préparatoire militaire (1886-1934), dite au jardin.
Non contente du bassin hors-sol qu’elle s’était construite dans la cour d’Alma – derrière l’actuelle salle des fêtes – il est possible que le maire de l’époque ait lourdement insisté auprès de la baronnie PIEYRE, afin que l’école qui devait sauver les Cigalois de leur marasme ait satisfaction. Ayant visiblement trouvé des arguments convaincants, est en 1892 dressé un plan de ce qui allait devenir une véritable piscine.
Sachant que la baronnie apparait sur celui-ci en tant que bénéficiaire du trop-plein, on comprend qu’elle ait fait une belle affaire, sachant qu’elle était également propriétaire du moulin LASALLE, alias des Portes, juste à côté.
On aurait pu penser que la piscine n’ait pas longtemps perduré après le déménagement de l’École militaire. Or la photo ci-jointe montre qu’elle était encore en état de fontionnement en 1941, au moment du passage à St-Hippolyte de soldats britanniques.
Du fait qu’on y déversait les pots de chambre, il est impensable que l’eau de l’Agal ait servi pour alimenter le nouveau bassin de natation. Depuis l’abandon de la piscine, le bruit court aussi comme quoi l’eau d’égout de la fontaine du Pradet aurait été réutilisée par le Collège de la Galaberte. C’est possible, toutefois ça n’a pu se faire qu’une fois la piscine abandonnée.
Jeroen van der Goot 22 octobre 2024
(A suivre)