de Saint-Hippolyte du Fort et d'ailleurs
St-Hippolyte 1693 - Porte de l'abreuvoir

Fontaines cigaloises (04) / quelle fut la première ?

La première fontaine cigaloise.

Toujours en quête de sensation, chacun tente d’identifier la première de nos fontaines.

Pour les uns ce serait la fontaine du Bout-de-Ville, pour d’autres celle des griffons. Mais pourquoi ?

Notre raisonnement va au-delà des suppositions actuelles.

Á notre avis, la première fontaine se situait vers le Bout-de-Ville. Il ne s’agissait pas pour autant de l’ouvrage actuel, ni même de son emplacement.

Comme le laisse entendre la racine fonte, l’histoire des fontaines remonte au-delà des ouvrages qui en portent aujourd’hui le nom. En termes d’étymologie, fonte renvoie à une source. De ce fait, on pense immédiatement à celle de la Route de Cros. On imagine dès lors un peu mieux le tout premier système d’adduction d’eau, à base de porteurs d’eau.

Le plan de 1693 montre qu’il n’y avait aucun bâti au droit du pont de Planque. On a de ce fait du mal à imaginer l’ouvrage actuel, planté là, tel un menhir dans la verdure.

La composition urbaine du quartier semble indiquer qu’on accédait initialement à Planque en descendant vers le Vidourle. Ce, en empruntant un chemin, devenu la cour d’une propriété privée depuis, à laquelle est adossée l’actuelle fontaine du Bout-de-Ville.

La configuration présente s’explique par le fait que les vidourlades réduisaient régulièrement les premiers ponts de bois en planquettes. Ce qui justifie qu’on ait décidé d’en rebâtir un, cette fois-ci en prenant appui sur point situé un peu plus en hauteur.

C’est là une hypothèse plus crédible que celle évoquant l’acrobatie qui consiste à franchir le Vidourle sur un madrier. Au-delà du fait qu’une planquette n’a rien de comparable avec un madrier, chacun comprend que, pour franchir le Vidourle, même en titane, un madrier ne suffirait pas. Une simple planquette est par conséquent une vue de l’esprit quelque peu simpliste.

L’ouvrage d’art, donc, était destiné aux très nombreuses allées et venues entre la ville et le moulin de Planque. On imagine donc les chargements qui passaient par là. Par ailleurs, il fallait quotidiennement aussi aller au lait, donc à Lasalle, qui en été le seul gros producteur local*. On peine à imaginer un trafic aussi intense sur une simple planquette.

Les premiers ponts étaient donc des véritables ouvrages d’art, en bois, situés en contrebas et en aval du pont actuel.

Au droit du pont de Planque, le plan de 1693 fait mention d’un abreuvoir (cf. Porte de l’abreuvoir). Or, à une époque où la ville n’exploitait pas encore les eaux du Mas d’Icard, il n’est pas possible qu’il y ait eu un tel ouvrage à cette altitude. Le nom renvoie donc nécessairement au moins vers l’emplacement actuel de la fontaine et, potentiellement, au niveau du Vidourle.

Ce qui interpelle alors, c’est qu’au niveau du Vidourle les bêtes pouvaient directement boire l’eau du cours d’eau.

En termes de vocabulaire, on sait qu’on est passé de fonte à fontaine. Entre les deux, on peut cependant imaginer qu’on ait transité par abreuvoir – un mot qui semble s’inscrire dans la tradition du Moyen-Âge.

Ceci permettrait d’expliquer qu’en installant là un abreuvoir, donc en contrebas de l’actuelle fontaine du Bout-de-Ville, on aurait fait un premier pas dans le sens de la réduction des distances entre la ville et le point d’eau potable le plus proche.

Dans un souci de toujours mieux faire, on comprend qu’on ait, à partir de là, réfléchi à comment monter cette eau, plus proche de la ville.

Du fait l’important dispositif que nécessitait un tel projet, on comprend qu’il était risible de vouloir alimenter la seule fontaine du Bout-de-Ville, alors qu’on pouvait alimenter toute une ville.

On comprend dès lors la superposition des éléments décrits dans notre opus III et la progression de cette incroyable entreprise.

Cela dit, on peut aussi penser que la part de voirie en bordure du Vidourle, côté Planque, ait constitué ledit abreuvoir. Mais ça a aussi pu être un lavoir, plus confortable alors que la grève reproduite sur les images d’Épinal.

* André Peyriat : Histoire de St-Hippolyte-du-Fort (1939)

Jeroen van der Goot janvier 2024

(A suivre)

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