La toute première fontaine.
Pour ma dernière planche de 1684, localisant les fontaines par ordre d’apparition, j’espérais m’en tirer avec la simple mention “hors-champ”, au niveau de celles qui pourraient avoir été les plus anciennes. Mais le passage à l’écrit m’oblige à davantage de précision.
Cette nouvelle réflexion est d’autant plus intéressante qu’elle change quelque peu la donne.
Si on revient sur le fait qu’on a longtemps été à la source puis au puits, on peut se dire qu’on ait longtemps pu se contenter de cela. Que l’Homme ne s’installât que là où il y avait une possibilité d’accès de l’eau potable. Autrement, il n’avait pas d’autre choix que de créer une adduction. Sans quoi, on était contraint à porter l’eau.
La fontaine de l’Église se trouvant très près de sa source, on peut penser qu’elle n’ait pas été l’une des premières. Cela dit, il est tellement facile de poser une aussi courte adduction…
Au droit de la Maison PIEYRE, il existe aujourd’hui encore un puits. Par conséquent, on peut penser qu’il n’y avait pas eu d’urgence à y créer une fontaine publique.
Dito pour Planque.
Du fait que la fontaine des Griffons ait eu une autre source que celle sur la Route de Cros, on peut douter quant à sa place dans le palmarès.
Mais l’incroyable texte, mentionnant une forêt de chênes blancs entre Planque et l’Église, fait qu’elle ne peut avoir été édifiée que plus tard.
Contrairement aux Amis de Clio, je ne pense pas que la fontaine de Bout-de-ville ait été la première à être édifiée ; où qu’elle ait été à l’origine.
Du fait des difficultés à monter l’eau à un niveau plus élevé que celui de la source, il est impensable qu’elle l’ait été.
Par ailleurs, à moins d’avoir construit une forme de bouclier, comparable à ce que je suppose avoir été un puits protégé – en amont de la païssière de Planque – on imagine mal une fontaine exposée aux vidourlades.
À cet endroit, on peut par contre imaginer un mécanisme abrité, montant l’eau de La Source (Route de Cros) depuis le niveau du Vidourle. Une telle noria est d’ailleurs mentionnée dans un texte, tout aussi imprécis que celui évoquant la forêt. D’ailleurs, il y a une structure existante qui pourrait lui correspondre.
Étant donné la proximité de Font-de-Colle, on peut raisonnablement penser que les habitants de Croix-Haute aient facilement pu y puiser leur eau.
Cependant, dans la mesure où autant de routes gallo-romaines s’y croisaient, on peut penser que ce croisaud* ait été propice à une halte. Une occasion pour les voyageurs de changer de monture, s’alimenter voire s’approvisionner, échanger des marchandises et du courrier, voire passer un moment de détente.
Afin que ce hub apporte entièrement satisfaction, il est probable qu’il ait rapidement été doté d’une fontaine.
En résumé et en caricaturant quelque peu, on peut estimer que l’Église ait a priori été le berceau de St-Hippolyte, et que Croisaud* ait constitué une sorte de World Trade Center; toutes proportions mises à part.
Sachant que le bourg actuel n’existait pas encore, c’est donc un peu paradoxal que ces deux pôles soient aujourd’hui considérés comme étant des « faux bourgs ».
En réalité, ledit bourg correspond probablement davantage à une forme d’étalement urbain des trois pôles précurseurs qui l’entourent.
L’Église étant réputée pour être là où sont descendus les habitants réfugiés au castellas, on peut penser que c’est aussi là qu’a été façonnée la première fontaine.
À l’intention des nouveaux lecteurs, je précise que ce n’est que vers 1897 que la fontaine de Croix-Haute a été raccordée à l’eau en provenance de La Source.
À l’origine, la source était bien sûr au Puech de Mar.
Que par ailleurs, cette fontaine a été déplacée, au moins une fois, et que son bassin n’existait qu’à partir du moment où on a décidé de mettre fin à la pataugeoire qu’on imagine, en monnayant le trop-plein (1713).
Jeroen van der Goot octobre 2024
* L’ancien nom de Croix-Haute