de Saint-Hippolyte du Fort ... et du monde
Fontaine du jardin de l'hospice

Fontaines cigaloises (15) / les fontaines de l’hospice

Les fontaines de l'hospice et le lavoir de Baraban.

L’hospice étant devenu un hôpital avec le temps, on comprend que les différentes fontaines portent parfois un nom plutôt que l’autre. La grande nouveauté, c’est qu’il n’y en a pas là deux mais trois. Ce qui permet d’assembler une nouvelle partie du puzzle cigalois.

Mon analyse du plan de l’hôpital St-Louis venait confirmer mes suppositions, détaillées dans ma série portant sur le temple disparu. À savoir qu’on entrait initialement dans le bâtiment en passant par la Rue de Croix-Haute. La première fontaine se trouvait alors au fond de l’établissement, dans une courette où était stocké le bois de chauffage.

Vers 1700, les hommes à la solde de LAMOIGNON de BASVILLE reconstruisent le Pont de Montpellier. À l’origine celui-ci était en bois, et surtout dans le prolongement de la Rue de Croix-Haute. Sans quoi la Rue de Croix-Haute aurait été orientée autrement.

Ce qui surprend à la Place de la Couronne, c’est aussi l’absence de façades dignes de ce nom. Côté nord-est, on voit la face arrière de propriétés dont la façade principale se trouvaient, à l’évidence, côté Rue de Croix-Haute. Sur le reste du périmètre de la place, on ne voit que des bâtiments faits de bric et de broc. Par conséquent, il fallait un motif important pour néanmoins prétendre à une place royale. Ceci fait que je présume que la Couronne s’est volontairement assise sur l’ancien temple qu’elle a fait démolir vers 1680.

Avec l’hypothèse d’une entrée au nord de l’hospice et un pont dans le prolongement de la Rue Croix-Haute, on saisit la logique d’un ensemble cohérent, avec un jardin à l’arrière : l’hospice donc. Par conséquent, il est difficile d’ignorer l’hypothèse que la fontaine extérieure ait été rajoutée au moment d’une telle opération de choc; car il faut bien plus qu’une simple fontaine publique pour donner l’illusion d’une place, royale de surcroit.

Côté adduction :

  1. Les deux fontaines de l’hôpital

Ce n’est que vers 1897 qu’on crée une canonnade allant de la fontaine du Planas à celle de l’hospice. Parallèlement, un plan de 1744 (voir ci-contre) nous montre qu’il y avait déjà deux fontaines au droit du bâtiment lui-même : la première à l’intérieur (photo ci-contre) et l’autre à l’extérieur. Cela veut dire que, à l’origine, l’établissement profitait d’une autre source, voire adduction.

Il est possible effectivement qu’il y ait eu une canonnade alimentant l’hôpital depuis la fontaine du Pradet (1707). Ce qu’il faudra vérifier au moment où nous identifierons chacun des différents passages en siphon sous l’Argentesse.

Cependant, le plus plausible est de penser que l’eau venait initialement depuis le Puech de Mar. Mais, à voir la risible somme que Jean DELPUECH – alias le Marquis de COMEIRAS et de PÉDÉMAR –  a eu à débourser pour racheter l’égout de la fontaine de Croix-Haute, on peut aussi penser que la source du Puech ne fournît pas autant d’eau que nous pourrions le penser. À suivre, donc…

  1. La fontaine du jardin de l’hospice

À son propos, la tradition orale rapporte que les religieuses aimaient se recueillir auprès de leur fontaine. Puisqu’aucune mention n’est faite à des infirmiers, on peut estimer que c’est au moment des troubles religieux que l’hospice (1640) soit devenu un hôpital. Que la rupture urbaine découlant du passage par la Porte de Montpellier a fait tomber en désuétude le jardin et la notion d’hospice avec.

Aujourd’hui, on note que la fontaine fonctionne au même rythme que celles de la ville basse. Par conséquent, l’eau provient de La Source. On pourrait certes penser qu’il puisse aussi s’agir d’un égoutier de la fontaine de l’hôpital. Mais comme le Baron PIEYRE bénéficiait de tout l’égout* de la fontaine de l’hôpital, on doit écarter cette hypothèse.

En attendant d’identifier la Maison CAMPLAN, on va simplement s’en tenir au fait que l’hospice était, à l’origine, un établissement avec deux fontaines, auxquelles on est venu greffer celle qui, du simple fait qu’elle est publique, passe aujourd’hui pour être la fontaine maîtresse du trio.

Cela dit, nous n’avons toujours pas identifié le troisième bénéficiaire d’une “prise directe” : Edmé CAMPLAN. Son nom apparait effectivement en tant que tel, au niveau d’une liste d’égoutiers.

Côté égout de la fontaine du jardin :

On peut s’étonner de voir la fontaine couler pour le simple plaisir des sens. Mais l’eau n’est là qu’en transit. Le trop-plein s’écoule en direction dudit Ruisseau de Baraban. Ce dernier étant réalité un valat**, on comprend qu’il soit possible d’y imaginer un lavoir. C’est en tout cas ce que rapporte la tradition orale.

*pour irriguer un jardin, situé entre le nouveau temple et l’Argentesse (Jardin de CROYE).

** par définition à sec la plupart du temps.

Jeroen van der Goot 11 octobre 2024

(A suivre)

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