de Saint-Hippolyte du Fort et d'ailleurs
Mini Steam Babel 2 (Marc Mandril)

Tour de Babel – II

Le mythe de la machine.

L’architecture constitue une occasion pour s’interroger sur tout ce qui est organisation, sémantique, identité et utilisation des ressources. Une maison étant comparable à une petite ville, chaque bâtiment raconte l’histoire de toute une époque. L’histoire de l’architecture et de l’urbanisme est de ce fait passionnante.

D’une manière générale, comprendre le passé permet de s’inscrire dans son prolongement, avec intelligence. L’odyssée humaine remontant à plusieurs millions d’années, on comprend que l’exercice va connaitre certaines limites. Car on est amené à réfléchir au-delà de la notion d’architecture et de l’histoire écrite, dérivant ainsi vers un habitat rudimentaire.

Du fait des constats du GIEC, on nous demande aujourd’hui de choisir entre abandonner notre niveau de progrès et opter pour une énergie décarbonée. La question est non seulement posée de manière dangereuse mais aussi inutilement simpliste.

Les variations climatiques ne sont pas un fait nouveau. Par rapport à celle-ci, l’Homme a de tout temps fait preuve d’ingéniosité, sans pour autant augmenter de manière significative son empreinte écologique.

Des écrits de Platon, on retient combien, lui et Socrate, étaient inquiets face à la débauche d’énergie. Tous deux se souciaient des proportions que prenait le déboisement. Socrate a de ce fait réfléchi sur l’architecture, y associant le potentiel calorifique du soleil. Nous avons donc au moins deux mille ans de retard.

Si nous acceptons un instant de regarder au-delà de notre horizon habituel, nous comprenons aussi que, ce n’est pas 2 000 mais 7 000 ans de retard que nous avons. Effectivement, les chinois prenaient alors déjà en compte la course du soleil pour orienter leurs édifices.

Vitruve a tenté d’alerter ses contemporains brulant des forêts entières dans les thermes. De la même manière, y a-t-il eu des expériences solaires en Allemagne, dans le contexte d’après-guerre. Comme on l’aura compris, toutes ces entreprises ont été avortées.

Des recherches archéologiques, on retient que les Grecs ont changé la teinte de leurs tuiles avec le temps. Quand on regarde parallèlement l’évolution des températures, on comprend pourquoi. L’objectif était d’évoluer avec le climat.

Chez les Romains comme chez les Grecs, on retrouve aussi une morphologie commune, associant un patio à chaque bâti. En termes bioclimatiques, le patio permettait d’améliorer le confort, en prenant appui sur les différences de température entre le jour et la nuit.

Non seulement retrouve-t-on ces artifices chez les arabes mais aussi, bien avant eux, en Mésopotamie.

Les persans maîtrisaient, encore plus merveilleusement, différents systèmes associant l’eau, l’air et les lois élémentaires de la Nature. Ils savaient ainsi aussi fabriquer de la glace, en plein désert.

Les photographies des premiers anglais, au Pakistan, montrent quant à elles des maisons, toutes couronnées d’un énorme capteur à vent. On peine à croire à ces images, tellement elles semblent issues de la science-fiction.

Afin de comprendre la gravité du phénomène qui s’est progressivement mis en place, il suffit de comparer les gratte-ciels yéménites aux coûteuses passoires thermiques de Dubaï ou de New York.

On se demande dès lors comment il se fait qu’autant de génie ait été abandonné. Il y a de fortes chances que le débat actuel sur l’énergie soit dans le prolongement de la réponse.

Jeroen van der Goot  février 2024

Illustration Marc Mandril

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