de Saint-Hippolyte du Fort et d'ailleurs
Tour de Babel (Pieter Bruegel l'Ancien)

Tour de Babel – III

Uruk désertée.

La notion de civilisation renvoie à la domestication du chaos. Le progrès traduit dès lors l’évolution du processus.

Sachant que l’Homme maîtrise le feu depuis plus d’un million d’années (1), on comprend que ledit progrès ne date pas d’hier.

Avec ce miracle se pose la question de ce qui est dispensable et ce qui ne l’est pas.

Avec l’âge de pierre, commence aussi l’âge du bois. Non seulement l’Homme fabrique-t-il ses outils avec du bois, c’est aussi le bois qu’il utilise pour se chauffer et cuire ses aliments.

Le passage sacré, du cru au cuit, permet d’en réduire les parasites, agents pathogènes et autres toxines. Il augmente par ailleurs la valeur énergétique des aliments.

On imagine dès lors une lente déforestation de la planète.

De l’épopée de Gilgamesh, on retient que ce sont les dieux qui vivaient dans les bois. En tout cas, dans l’immense forêt vierge située au-dessus d’Uruk (2), la ville dont il était le roi. Celle-ci passait pour le joyau du Croissant fertile.

Présentant l’appétit toujours croissant de l’Homme, le dieu Enlil (3) fit garder le domaine par Humbaba – une sorte de dragon.

Les sages eurent beau mettre en garde Gilgamesh, rien ne retint notre héros d’aller se mesurer aux dieux.

Sur place, Gilgamesh est un temps sous le charme de la forêt. Il retrouve cependant ses esprits et coupe tous les arbres.

Avec le temps, le Tigre et l’Euphrate charrient tour à tour la terre et les sels minéraux libérés par les arbres abattus.

La première oblige au curage régulier du système d’adduction d’eau d’Uruk. Les seconds finissent par en compromettre l’eau. La messe est dite.

C’est ainsi que la jadis si fière cité s’est vue désertée.

  1. Caverne dite de Wonderwerk (le miracle), en Afrique du Sud
  2. Ville jadis au sud de l’actuel Irak.
  3. Dieu du vent

Jeroen van der Goot  février 2024

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